jeudi 26 septembre 2013

Nouveaux rythmes : arme de destruction lourde

Au prétexte que les élèves français seraient moins bons que les élèves européens, M. PEILLON a décidé d'une grande réforme et de mettre en place des nouveaux rythmes scolaires.

Mais au SNUDI FO, nous avons de la mémoire. En reprenant le rapport de la cour des comptes du 11 mai 2010 qui décortiquait les résultats de l'enquête PISA de 2003, les résultats des élèves français ne sont pas si médiocres.

" Environ 60% des élèves de 15 ans se situaient dans les meilleurs rangs de l’OCDE, et 40% dans les plus mauvais. C’est en effet l’écart entre les résultats extrêmes des élèves - plus que la situation moyenne de notre pays - qui caractérise le système scolaire français en fin de scolarité obligatoire : ainsi, en 2006 (...) représentatif de la différence entre élèves forts et faibles, était, par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE, supérieur de 15 points en France pour la compréhension de l’écrit, de 12 points pour les mathématiques et de 17 points pour la culture scientifique."
"Les enquêtes PISA tendent à démontrer que la France est le pays où les destins scolaires sont le plus corrélés aux origines sociales et au statut culturel des familles."

En substance, donc :

  • la France est le pays où l'écart des résultats entre élèves de statuts favorisés et défavorisés est le plus grand des 30 pays.
  • le caractère inéquitable tend à s'aggraver avec le temps. 
  • le système scolaire favorise et fabrique une élite.

Au SNUDI FO, nous continuons de penser qu'il faut plus de moyens.

La part du PIB consacrée à l’Éducation Nationale (écoles privées et écoles publiques confondues !) est en nette diminution. En 1995, la part était de 4,5% contre 3,9 en 2006. La France s'est alignée sur la moyenne européenne.

Il faut ajouter de très importantes disparités entre le primaire, le collège et le lycée. "Sur 27 pays, la France occupe, en cumulant les dépenses publiques et privées, le 14ème rang pour le total du primaire et du collège, mais le 6ème rang pour le lycée."

Depuis 2007, 50 000 emplois ont été supprimés dans l'éducation dont 3000 postes en RASED.

Ces suppressions aboutissent aux fermetures de classes. Or les effectifs "dans le système scolaire français se situe un peu au-dessus de la moyenne de l’OCDE (22,6 élèves par classe contre 21,4 dans le primaire, 24,1 élèves par classe contre 23,4 dans le collège)".

Au SNUDI FO, nous dénonçons à juste titre la dégradation des conditions de travail qui en découlent.

"En 2007, le nombre d’heures d’enseignement assurées en moyenne par les enseignants français a atteint dans le primaire 914 heures par année, contre 798 en moyenne dans l’OCDE et 794 en moyenne dans l’Union européenne."

"Du point de vue de l’encadrement des élèves, les enseignants ont des conditions de travail comparativement plus contraignantes que dans la moyenne de l’OCDE à l’école primaire."
Cette réforme va-t-elle modifier la donne ?

Au contraire elle va favoriser une inégalité sur le territoire. Les communes «riches» auront des moyens supérieurs aux communes défavorisées. Les communes urbaines disposeront d'un vivier d'intervenants que n'auront pas les communes rurales.

Que doit-on penser des réunions sectorisées visant la mise en œuvre la réforme des rythmes scolaires ? (Lire pièces jointes : rythmes préfecture septembre 2013, "Après Paris, les Alpes Maritimes" et l'article des maires en colère)

Deux interrogations s'imposent d'emblée : pourquoi inviter les directeurs? Pourquoi n'inviter que les directeurs ? Jusqu'à preuve du contraire ils ne sont pas les supérieurs hiérarchiques de leurs adjoints mais les enseignants d'une manière générale n'étaient pas vraiment concernés puisque visiblement ces réunions visent essentiellement à rassurer les maires inquiets à juste titre.

Ce que le SNUDI FO a pu observer à Louhans lundi 23 septembre : du beau monde ! Sous Préfète, DASEN, IEN, Délégué aux transports du Conseil Général, Délégué régional jeunesse et sports, Secrétaire de secteur CAF.

Le premier point qui a été abordé n'est pas le moindre : l'encadrement.

Petit rappel, la proposition d'abaissement du taux d'encadrement, rejeté par le conseil d’État le 8 juin 2013 a néanmoins été voté le 3 août. Ce sera donc un animateur pour quatorze mineurs âgés de moins de six ans et un animateur pour dix-huit mineurs âgés de six ans ou plus.

Les seules activités contraignantes pour les mairies seront celles qui devront être déclarées auprès des services du ministère des sports, de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative. Mais pas d'inquiétude, "les communes peuvent opter pour d’autres modes d’accueil et fixer le taux d’encadrement et les conditions de recrutement des personnels intervenant sur le temps périscolaire. Il n’est alors pas nécessaire de faire une déclaration auprès des services du ministère des sports, de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative. Toutefois ces autres modes d’accueil n’ouvrent pas droit aux prestations de la caisse d’allocations familiales." (p 8)
Ce sont pourtant les seules activités qui garantissent un accueil de qualité éducative avec des personnels qualifiés.

Le DASEN 71 a insisté lourdement auprès des maires pour qu'ils organisent de simples garderies et qu'ils se tournent vers des personnels non qualifiés, des bénévoles ou encore mieux des enseignants par le biais entre autre de l'USEP. M. PERRIN ajoutera : "ce qu'on fait dans les PEdT, je ne sais pas trop" mais "ils auront en charge de faire de la pédagogie" : la confusion scolaire/périscolaire est annoncée clairement.

La CAF n'aura pas beaucoup d'argent à distribuer. La déléguée du Conseil Général reconnaît que les transports coûteront plus chers aux communes. M. le DASEN, toujours lui, invite les maires à choisir le samedi plutôt que le mercredi et éviter ainsi d'organiser les transports scolaires.

Tout est résumé ou presque. Pas besoin de dessins, ce n'est pas le bien-être des élèves qui est visé. L'analyse du SNUDI FO est confortée, cette réforme aggrave le désengagement de l’État, l'inégalité sur le territoire, la territorialisation de l'école et la destruction du statut de fonctionnaire d’État.

Mais les enseignants doivent rester très prudents afin de ne pas engager leur responsabilité.

Vous avez lu notre précédent billet sur ce qui se passe à Paris, c'est ce qui nous attend l'année prochaine quand les activités périscolaires vont être généralisées. Les enseignants doivent se dégager de toute responsabilité.

En ce qui concerne le passage de la classe à la cantine et aux activités périscolaires, le SNUDI FO 71 est très clair, les enseignants ne doivent pas eux-mêmes établir les listes des élèves. Cette liste doit être établie par les services communaux ou l'association gestionnaire de la cantine et fournie aux enseignants qui indiqueront alors simplement au jour le jour quels sont les élèves absents.

Les enseignants doivent autant que faire se peut remettre les élèves aux personnels qui les auront en charge (animateurs ou personnels de cantine). Quand cela n'est pas encore mis en place, entamer les discussions rapidement pour que ces personnels viennent par exemple à un point de rencontre où les élèves leurs seront remis soit devant la classe, soit au bout d'un couloir soit dans un coin de cour.

Dernier petit rappel au passage :
les élèves ayant moins de 6 ans doivent être remis en main propre aux parents ou quiconque est autorisé qu'il soit en maternelle ou en élémentaire.


* les citations sont indiquées en caractère italique gras.

Pour en savoir plus, vous pouvez retrouver un article du JSL sur la dernière réunion des maires de Saône et Loire ainsi que le dossier Rythmes Scolaires de la Préfecture notre page spéciale rythme scolaire .


Le SNUDI FO 71, toujours à votre écoute et revendicatif.