mardi 20 janvier 2015

Conseil Supérieur de l'Education du 15 janvier 2015 : les positions défendues par FO

Pas de République sans services publics :

Un des fondements de notre République, c’est l’existence de services publics qui soient porteurs de valeurs d’égalité, de neutralité, de laïcité, de continuité mais aussi de proximité. Or aujourd’hui on assiste à un démantèlement des services publics et, pour le justifier, l’argument avancé est toujours celui de la dette publique, du déficit budgétaire, de la dépense publique. 400.000 emplois publics détruits entre 2007 et 2014, loin de conduire à des économies ont aggravé les inégalités.

FORCE OUVRIÈRE n’a cessé d’alerter les gouvernements successifs et les parlementaires : cet abandon de l’État engendre déjà des zones sans contrôle, des zones de « non droit » faute d’instruction des dossiers, et une incapacité de la puissance publique à répondre aux besoins locaux notamment en matière sociale, de santé ou d’éducation.

Lors des derniers CSE, nous avons alerté le ministère sur les conséquences négatives du redéploiement dans l’Éducation prioritaire. Nous avons expliqué que nos collègues refusaient l’amputation de moyens pour les établissements qui découle de leur retrait de la carte de l’éducation prioritaire.

Des réponses ministérielles inadaptées :

Nos inquiétudes sur les conditions de préparation de la rentrée prochaine se matérialisent. D’une part l’augmentation des effectifs des élèves ne sera une fois encore pas compensée par le nombre d’enseignants effectivement dans les classes. D’autre part la réforme de l’allocation des moyens pour la dotation horaire des collèges, s’inscrit dans une logique d’autonomie renforcée et de concurrence entre les établissements, dans un contexte de restrictions budgétaires.

Aujourd’hui, certains voudraient faire porter une part de la responsabilité de événements tragiques de ces derniers jours sur l’école. Il s’agirait « d’une défaite éducative qui nous implique tous ». Nous ne pouvons pas l’accepter.

Les réformes récentes ont dégradé la confiance et aggravé les conditions de travail des personnels. L’école manque de postes et se débat dans une accumulation de mesures prises en application de la loi de refondation de l’école, expression dans l’Éducation nationale de la politique de rigueur et d’austérité. Cette politique concentrée notamment dans le pacte de responsabilité et le projet de loi Macron assaille tous les services publics et doit être remise en cause.

Lundi 12 janvier, Madame la Ministre a réuni les représentants des organisations syndicales pour discuter de la situation et « mobiliser l’école pour les valeurs de la République ».

L'école n'est pas responsable de la destruction programmée.

A cette occasion, la FNEC FP-FO a rappelé notamment que la réforme de l’éducation prioritaire qui se combine avec les mesures de carte scolaire pour la prochaine rentrée, la poursuite de la désastreuse réforme des rythmes scolaires, les modifications apportées aux statuts des personnels, la régionalisation de la carte des formations professionnelles et de l’orientation scolaire, la substitution de l’apprentissage à la voie professionnelle de l’enseignement public restent autant de mesures qu’il faut remettre en cause pour rétablir l’école de la République.

Quelle laïcité et quelle indépendance pédagogique?

La FNEC FP FO a également rappelé qu’il était indispensable de revenir à un strict respect de la laïcité institutionnelle, ce qui signifie que ni l’enseignement des religions, ni les représentants des religions n’ont leur place à l’école.

Et, puisque nous parlons de laïcité, citons les propos tenus par Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo dans son éditorial : « Les outils pour résoudre les problèmes géopolitiques et sociaux existent mais ils sont inopérants s’il en manque un : la laïcité. Pas la laïcité positive, pas la laïcité inclusive, pas la laïcité je ne sais quoi, la laïcité point final. »

Pour FORCE OUVRIÈRE, l’école laïque ce n’est pas l’école d’État, c’est l’école qui prépare au libre examen, c’est l’école qui instruit qui, au sens littéral du terme, signifie « mettre debout » ou, pour reprendre les termes de Jacques MUGLIONI « c’est le lieu où l’on apprend ce qu’on ignore pour pouvoir, le moment venu, se passer de maître. »

Mais, pour préparer au « libre examen », pour mettre debout les élèves qui leur sont confiés, pour leur permettre de se passer de maître, les enseignants ont besoin de la plus large indépendance et de leur liberté pédagogique.

Dans cette logique, les responsabilités des parents et les responsabilités de l’école sont distinctes, et il faut respecter cette distinction.

Cette indépendance et cette liberté pédagogique des enseignants sont aujourd’hui encore inscrites dans nos statuts nationaux de fonctionnaires d’État. Ceux-ci nous mettent à l’abri des pressions d’où qu’elles viennent, qu’elles soient politiques, religieuses, économiques, associatives ou parentales.

Et à FORCE OUVRIÈRE nous entendons bien qu’il en soit toujours ainsi. L’école des territoires qui induit la destruction de nos statuts n'est pas la solution attendue par le SNUDI-FO.